Présentation

L’accès à la justice pose des problèmes particuliers pour les peuples autochtones, non seulement en raison des rapports conflictuels que les autochtones entretiennent avec le système de justice (Noreau et al., 2003), mais aussi en raison de l’inadéquation culturelle des règles et des processus du système occidental (Macdonald, 2004).  Ces défis affectent notamment le système de protection de la jeunesse : celui-ci conduit souvent au retrait des enfants autochtones de leur communauté et a été récemment décrit comme perpétuant la politique des pensionnats (CVR, 2015). La protection des enfants en contexte autochtone nécessite une approche différente qui consiste à tenir compte non seulement des valeurs et des savoirs locaux, mais à aussi s’appuyer sur la capacité des membres des Premières Nations à définir les problèmes et les solutions qui les concerne.

C’est dans ce contexte que la communauté innue d’Uashat mak Mani-Utenam souhaite conclure une entente en vertu de l’article 37.5 de la Loi sur la protection de la jeunesse qui lui permettra de mettre en oeuvre un système innu de protection de la jeunesse. De manière à assurer un accès à la justice culturellement adapté, le présent projet vise à appuyer Uauitshitun dans la mise sur pied d’un système de protection de la jeunesse innu, donnant lieu à une entente selon l’article 37.5, et dans la valorisation des savoirs mis en relief dans les projets de recherche précédents. En effet, ce projet s’inscrit dans un programme de recherche de plus grande envergure qui visait à étudier plusieurs facettes des pratiques sociales innues, dont la valorisation et la reconnaissance leur étaient nécessaires pour la mise sur pied éventuelle d’un système innu de protection de la jeunesse. Quatre projets de recherche distincts ont permis de mettre en lumière et d’analyser le contenu de différentes pratiques culturelles qui ont cours à Uashat mak Mani-Utenam et d’identifier les cadres juridiques et institutionnels qui favorisent l’expression de ces pratiques. Il s’agit de la pratique des intervenants sociaux innus (Guay, 2017), des pratiques d’éducation et de protection des enfants (CRSH 2012-2014), des pratiques de guérison sur le territoire (FQRSC 2013-2015) et des pratiques d’adoption coutumière (CRSH 2013-2018).

Ces projets de recherche ont généré une base de connaissance qui permettra au groupe de travail d’atteindre les objectifs visés par le projet : 1) Concevoir un cadre organisationnel et institutionnel permettant la mise sur pied d’un système de protection de la jeunesse innu, donnant lieu à une entente selon l’article 37.5, qui valorise les savoirs mis en relief dans les projets de recherche précédents. 2) Développer des outils et programmes d’intervention culturellement adaptés ainsi que des politiques internes pour permettre à la communauté d’exercer les pouvoirs qui seront prévus par la loi québécoise sur la protection de la jeunesse. Enfin, le présent projet permettra également de jeter un regard réflexif sur le processus de négociation conduisant à un système autochtone de protection de la jeunesse.  Il permettra d’identifier les obstacles idéologiques et structurels à une plus grande autonomie ainsi que des moyens pour surmonter ces obstacles.

 

Ce contenu a été mis à jour le 5 octobre 2018 à 16 h 08 min.